Article approuvé par Céline Pereira, auxiliaire de puériculture depuis 16 ans en crèche.
Porter bébé un peu, beaucoup, à la folie ou pas du tout ? Bout’chou, lui, sait ce qu’il veut : vos bras. Même s’il a bien mangé, bien dormi, même s’il est propre et qu’il n’est pas malade. Être porté, bébé aime ça et il en redemande. Aïe, aïe, aïe, Bout’chou se serait-il habitué à vos bras ? Bien-sûr que oui et c’est tant mieux !
Porter bébé : une mauvaise habitude ou pas ?
J’imagine que vous avez beaucoup entendu que trop porter bébé est mauvais pour lui. Cela pourrait le rendre capricieux, manipulateur, faible ou encore trop attaché à vous, trop dépendant. Pourtant votre premier réflexe, quand vous l’entendez pleurer, est de le prendre dans vos bras, n’est-ce pas ? Et c’est normal car votre cerveau est câblé pour ça !
La femme et le féminisme
Je rêve ou je me fais huer ?! Mais non, rassurez-vous, je ne me suis pas transformée en macho pro-délégation totale du maternage aux mères. Tiens tiens, quel drôle de mot que ce « maternage » d’ailleurs, et pourquoi pas « paternage » ? Le mot n’existe même pas ! C’est dire…
Donc c’est bien moi, Cécile, la rédactrice des articles de ce blog et je suis bien une femme, légèrement féministe sur les bords, qui plus est. Et même féministe différentialiste apparemment. Ça en jette n’est-ce pas ? J’avoue, je ne connaissais absolument pas ce courant du féminisme avant l’écriture de cet article. Voyons ça de plus près…
🧐 Le féminisme différentialiste, comme son nom l’indique, fait la différence entre l’homme et la femme. Il dit que non, les hommes et les femmes ne sont pas interchangeables. Et c’est aussi ce que je pense. Mais quand je dis ça, je dis quoi ? Je dis que je suis pour l’égalité des droits entre les femmes et les hommes, c’est pourquoi je pense que les femmes peuvent exercer exactement les mêmes métiers et rôles sociaux que les hommes. Qu’elles peuvent prendre les mêmes responsabilités qu’eux. Et je pense que l’inverse est vrai aussi.
D’accord mais où se situe mon féminisme différentialiste me direz-vous ? Dans le corps. Car la femme, grâce à son corps (ou à cause de lui 😉, selon les points de vues), a la possibilité de jouer un rôle particulier avec son enfant. Elle le porte, lui donne naissance et peut même le nourrir si elle le souhaite. Son corps est fait pour ça, contrairement à celui des hommes. Messieurs, n’y voyez aucun sentiment de supériorité : le concours du T-shirt mouillé version lait maternel, c’est plutôt gênant!
Et pour les pleurs de bébé, c’est pareil. Le cerveau des femmes est câblé pour ça, pour agir dès que bébé pleure. Il n’y a donc rien de politique ou d’idéologique dans ce que j’écris, il ne s’agit que de biologie. Tout ça pour vous dire que mon article ne vise pas à réduire la femme à son seul rôle de mère. Mais revenons à nos moutons.
La femme et la biologie
Un article de 2018 sur le site LE FIGARO.fr nous informe que l’étude « Pregnancy leads to long-lastin changes in human brain structure » (en français « La grossesse entraîne des modifications durables de la structure du cerveau humain ») a constaté que la grossesse modifie le cerveau des femmes. Les femmes enceintes perdent de la matière grise. Oui, oui de la matière grise ! D’ailleurs cela expliquerait les pertes de mémoire vécues par beaucoup de futurs et jeunes mamans.
Attendez il y a pire : selon l’étude, cette modification cérébrale dure au moins deux ans après l’accouchement. Waouh, ça pique !
Mais rassurez-vous car en fait le cerveau de la femme ne fait que s’adapter au chamboulement hormonal provoqué par la grossesse. Il se restructure, se réorganise, se spécialise afin de préparer au mieux les femmes enceintes à leur futur rôle de maman.
Et le rôle d’une maman envers son enfant est de répondre à ses besoins, de prendre soin de lui afin d’assurer la pérennité de l’espèce humaine. Notamment en le prenant dans ses bras pour l’apaiser, le rassurer, lui montrer de l’affection, bref, lui offrir une sécurité affective.
Soit dit en passant, c’est aussi le rôle du papa 😉 de s’investir dans l’éducation de ses enfants. Avais-je vraiment besoin de le rappeler ? Il semblerait que oui si on en croit l’étude de l’Insee parue en 2015 sur la répartition des temps domestique et parental entre l’homme et la femme. Il y est précisé que les femmes effectuent 65 % des tâches parentales en 2010. Pas si grave me direz-vous ? Les femmes effectuent aussi 71 % des tâches ménagères… À méditer en consultant le super blog d’Emma qui dénonce, à coups de crayon et d’humour, la charge mentale des femmes à cause de l’inégale répartition des tâches au sein du couple.
Pour revenir à notre sujet, vous l’aurez compris : la proximité physique est un besoin fondamental pour Bout’chou. Et les femmes ne deviennent pas stupides en devenant mères. Ouf, on a eu chaud 😓 !
Porter bébé : une recette magique
De la sécurité affective...
Et oui, les bras ont un pourvoir magique sur nos Bout’choux. Mais que se passe-t-il ,physiologiquement parlant, quand nous portons nos petits ? Selon Kumi Kuroda, une chercheuse japonaise, il se passe beaucoup de choses quand les mamans prennent bébé en larmes dans leurs bras, et encore plus quand elles se mettent à marcher. Bébé s’apaise beaucoup plus rapidement. Même son rythme cardiaque baisse. Soit dit en passant, bébé s’apaise quelle que soit la personne qui le porte tout en marchant 😉. Et c’est vraiment la marche qui change tout : porter Bout’chou tout en se balançant sur un rocking chair a moins d’effet.
Mais ce n’est pas tout. Porter bébé a un effet rassurant sur lui car lorsqu’il est dans nos bras son corps fabrique des opioïdes et de l’ocytocine. Deux hormones qui permettent la réduction du stress et améliorent le sommeil.
Enfin les bras favorisent le lien d’attachement entre bébé et ses parents. Plus le lien d’attachement se développe, plus bébé se sent en sécurité affective. Et plus il se sent en sécurité, moins il pleure et plus il est disponible pour explorer et découvrir le monde et donc s’éloigner de ses parents. En d’autres termes, un enfant sécurisé est disponible pour apprendre. En fait, en portant bébé dans vos bras, vous l’aidez à devenir autonome. Je sais, ça a l’air contre intuitif mais c’est très logique.
... À l'autonomie
Prenons l’apprentissage pour bien comprendre ce phénomène. Aucun navigateur n’a appris à naviguer durant une tempête. Pour l’apprentissage de la lecture, c’est pareil. Avant de lire, nous avons tous appris à lire. Et tous les apprentissages se déroulent de cette façon : on apprend avant de devenir autonome.
Aucun être humain ne peut devenir autonome seul, même s’il a été frappé par la foudre. Pour devenir autonome, quelqu’un nous a auparavant soutenu, accompagné, porté. Telle une plante s’appuyant sur son tuteur. Et de quoi avons-nous besoin pour apprendre ? Quel est le tuteur sur lequel nous nous appuyons pour apprendre, nous les êtres humains ? Le sentiment de sécurité affective. La boucle est bouclée !
Mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : ce n’est pas parce qu’un enfant n’apprend pas qu’il a forcément manqué d’affection. Car tout ne dépend pas des parents. Ça dépend aussi des compétences humains de l’enseignant, des pratiques pédagogiques, de la matière enseignée, de l’ambiance de la classe, de l’école, du quartier, des conditions de vie de l’enfant… Bref de beaucoup d’autres paramètres que les parents ne maîtrisent pas forcément.
Pour revenir à notre sujet : oui, Bout’chou s’habituera à vos bras pour la simple et bonne raison qu’il a besoin de vos bras. Il a besoin d’une proximité physique avec ses parents et les bras sont une façon, parmi d’autres, d’être proche de vous et d’être rassuré. Et c’est en s’habituant à vos bras qu’il va trouver la force de ne plus avoir besoin de vos bras 🙃. Vous êtes toujours là ?
En fait, pour que bébé grandisse et devienne autonome, il faut d’abord qu’il construise son sentiment de sécurité affective. Une fois cette sécurité en poche, bébé aura suffisamment confiance en lui et en vous pour s’ouvrir au monde et donc quitter vos bras 😭.
Mais pourquoi bébé aime-t-il autant être porté ?
Le bébé humain est très immature par rapport aux autres animaux. Il a encore beaucoup de choses à apprendre et il est totalement dépendant des adultes. D’ailleurs on pense que le réflexe d’agrippement (quand bébé sert très fort ce qui se trouve dans sa main) permettrait de provoquer, de favoriser, un lien d’attachement puissant entre bébé et son éducateur, afin que ce dernier s’occupe de lui. Il faut dire que c’est plutôt attendrissant ces p’tits bouts qui s’accrochent à nos pulls.
Vous l’aurez compris, bébé a besoin de créer un lien fort avec l’adulte qui s’occupe de lui. Plus cet adulte répondra à ses besoins, plus il renforcera le lien d’attachement entre lui et l’enfant et mieux ils se comprendront et s’accorderont. Attention, encore une fois je ne dis pas que parce que vous mettez la meilleure volonté du monde à répondre aux besoins de votre enfant, c’est la fête à la maison. Ce serait trop facile 😈 ! D’accord vous mettez les meilleurs chances de votre côté mais comme vous le savez : il y a tellement d’autres éléments qui entrent en ligne de compte…
Notamment le tempérament de Bout’chou. Et oui, plus Bout’chou est considéré comme facile à vivre et plus les parents prennent plaisir à répondre à ses besoins. Et plus ils répondent à ses besoins plus Bout’chou fait des sourires, des risettes, des areuh areuh et tout le monde est ravi. À l’inverse, plus un enfant est considéré comme difficile à vivre, plus les parents éprouveront de la difficulté à comprendre ses besoins. Et plus Bout’chou pleurera, plus les parents se remettront en question et stresseront et stress + bras = pleurs… (là à mon avis il est peut-être temps de se mettre à la méditation).
Allez comprendre pourquoi bébé pleure depuis 10 minutes alors que vous le portez tout en marchant, qu’il a bien mangé, bien dormi, que sa couche est propre, qu’il n’est pas malade et semble n’avoir mal nulle part. Avouez que c’est déconcertant. Et si bébé n’avait besoin de rien ? Peut-être doit-il juste libérer des tensions ? Dans ce cas, il vaudrait mieux le laisser les évacuer, non ? Comment savoir quoi faire quand bébé pleure ? Ahhh les pleurs de bébé, vaste sujet…
Les bienfaits du portage sont-ils prouvés par la science ?
Ce que l’on sait c’est que la proximité physique est nécessaire au bon développement de l’enfant. La proximité sécurise l’enfant car il se sent protégé. Quand vous portez bébé dans vos bras il est tellement proche de vous qu’il sent votre odeur, votre souffle, votre chaleur corporelle, il entend votre cœur battre, il vous regarde droit dans les yeux, il est bercé par vos mouvements. Et tout ça le rassure, l’apaise. Et plus vous êtes proche de bébé plus vous répondez rapidement à ses besoins. Et ça, c’est vraiment le paradis pour lui.
Nous venons aussi de voir que porter bébé tout en marchant a pour effet de ralentir son rythme cardiaque et de l’apaiser. Une étude plus ancienne, parue dans la revue scientifique Pediatrics en 1986, avançait déjà que le portage réduisait les pleurs et l’agitation de façon significative, soit de 43 % le jour et de 51 % la nuit. Mais seule une centaine d’enfants avait été observée, l’étude n’était donc pas généralisable.
Jusqu’à présent la majorité des études s’est concentrée sur la méthode kangourou. Vous savez c’est la méthode qui consiste à porter son bébé prématuré peau (de la maman) contre peau (de bébé). Et ces études ont démontré les bienfaits du portage peau à peau, soit le renforcement du lien d’attachement entre les parents et l’enfant, entre autres.
Porter bébé c'est bien, mais de quelles autres façons peut-on le rassurer ?
Bébé adore être porté, c’est un fait. Et de façon générale il adore être proche de vous, partager un moment avec vous, être en interaction avec vous. Et pour ce faire vous pouvez le porter mais aussi vous asseoir à côté ou en face de lui, vous pencher au dessus de son berceau, vous allonger à côté de lui… En fait il existe bien des façons d’être proches physiquement de son enfant et de l’apaiser :
en regardant Bout’chou droit dans les yeux, en souriant tout en lui parlant calmement avec amour et tendresse,
en lui chantant une berceuse,
en le massant,
en discutant avec lui,
en faisant des bruits de bouche,
en faisant virevolter vos mains au dessus de lui (la mienne adorait ça, surtout les mains hélicoptères et leurs loopings),
en lui disant des mots d’amour,
en le câlinant…
Bref, vous n’êtes pas obligé de porter bébé tout le temps. C’est même plutôt déconseillé et contre-productif pour son autonomie. Il faut aussi que bébé ait ces moments à lui. Ouf, sauvé 😅 ! Et oui, tout est dans la nuance et l’équilibre. C’est le trop ou le trop peu qui pose problème. Comme dans la vie en fait !
Résumé en vidéo
Et vous, comment faites-vous pour rassurer votre Bout’chou ? Dites-le nous dans les commentaires, juste après les ressources 👇👇👇.
Profitez bien de votre petit, prenez soin de vous et n’oubliez pas les gestes barrières. Pensez aussi à vous inscrire à la Newsletter et à partager cet article dans vos réseaux. Merci à vous et à bientôt 👋 !
Pour aller plus loin
- l’étude (en anglais) citée par le site LE FIGARO.fr sur les changements cérébraux des femmes enceintes : Pregnancy leads to long-lastin changes in human brain structure
- l’article (en anglais) de Kumi Kuroda
- sur la méthode kangourou : La méthode mère kangourou : une autre façon de prendre soin des prématurés
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