Vous êtes-vous déjà demandé si votre style parental, c’est à dire la façon dont vous éduquez Bout’chou, influence ses comportements ? Et si oui, quels comportements seraient à privilégier ? À moins que ce soit la façon d’être de Bout’chou qui influence votre style ? Qui de l’œuf ou de la poule…

Quel impact du style parental sur l'enfant

Quatre styles identifiés

Tout le monde l’a remarqué : il y autant de façon d’éduquer des enfants qu’il y a de parents. C’est d’ailleurs pour cette raison que Bout’chou éprouve un malin plaisir à nous faire remarquer que chez son meilleur copain, c’est mieux qu’à la maison 👿 ! Pourtant, et bien que nous soyons tous très différents les uns des autres, il existe des modèles, des types éducatifs, dans lesquels tous les parents se retrouvent plus ou moins.

Diana Baumrind, psychologue, s’est intéressée aux différents styles éducatifs des parents, histoire de constater leur influence, ou non influence, sur les comportements des enfants. Et devinez quoi : les styles parentaux influencent la façon d’agir de nos enfants. Un scoop, n’est-ce pas 🤭 !

Elle a identifié trois styles parentaux, c’est à dire trois différents types de pratiques et exigences parentales courants. Et oui, malgré la diversité humaine, seulement trois styles parentaux sont ressortis des travaux de la chercheuse :

  • le style démocratique (ou directif),
  • le style autoritaire,
  • le style permissif.

Un quatrième style a été identifié en 1983 par Eleanor Maccoby et John Martin :

  • le style désengagé.

Quatre caractéristiques

La psychologue a observé et observé, encore et encore, les différentes pratiques éducatives de différentes familles, qu’elle a ensuite décortiquées. Et à chaque fois elle a identifié les mêmes caractéristiques : quatre pour être exacte. La façon dont les parents expriment ces caractéristiques donne un style parental, plutôt qu’un autre, soit :

  • la sensibilité : soutien, écoute, affection, acceptation,
  • la communication : unidirectionnelle (le parent parle, l’enfant écoute ou l’inverse) ou bidirectionnelle (les parents et les enfants parlent et écoutent),
  • les exigences face aux comportements des enfants,
  • les méthodes disciplinaires : encadrement, règles, punitions, sanctions, réparations, réprimandes, explications,  absence de discipline.

Quatre styles parentaux

  • le style démocratique (ou directif) : la sensibilité (beaucoup d’affection) et les exigences sont fortes mais réalistes (adaptées à l’âge de l’enfant). La communication est bidirectionnelle et les méthodes disciplinaires sont fermes. L’enfant, son individualité et les règles de vie en société sont au centre des préoccupations. Le parent indique clairement ce qu’il attend de son enfant. Pour ce faire il fixe des règles et limites claires et les explique. Il privilégie la réprimande et la réflexion de l’enfant, plutôt que la punition, qu’il peut toutefois utiliser s’il l’estime justifiée, mais dans un  contexte chaleureux et soutenant,
  • le style autoritaire : la sensibilité est faible (peu de démonstration affective) et les exigences sont très fortes, voire inadaptées. La communication est unidirectionnelle (le parent parle, l’enfant écoute).  L’expression des émotions n’est pas valorisée. On attend de l’enfant qu’il fasse preuve d’un très grand contrôle de soi et d’une très grande maturité. Les méthodes disciplinaires sont très fermes et sévères. Les punitions (corporelles ou non corporelles) sont utilisées,
  • le style permissif : la sensibilité est élevée, le parent montre son affection, et les exigences sont faibles. Il n’y a pas d’attentes particulières sur la maturité de l’enfant, ni sur son avenir car c’est l’expression de soi et l’autodiscipline qui prime. Ce qui compte avant tout, pour le parent permissif, c’est l’épanouissement de l’enfant. Une très grande tolérance est donc de mise et les règles sont très peu nombreuses, tout comme les punitions, voire inexistantes. La communication est unidirectionnelle (l’enfant parle, le parent écoute) et les méthodes disciplinaires sont faibles ou absentes,
  • le style désengagé : la sensibilité, les exigences et la communication sont très faibles, la discipline est absente ou irrégulière, inconsistante. Le parent désengagé ne montre pas ou peu d’affection et de façon inattendue. Il peut passer rapidement de la tendresse au rejet.

Vous ne vous retrouvez pas vraiment dans un style précis ou bien dans plusieurs en même temps ? C’est tout à fait possible car Diana Baumrind n’a observé que 100 enfants issus de la classe moyenne nord-américaine, ce qui est peu représentatif, convenons-en.

Il se pourrait aussi que vous soyez un parent Elmer. Elmer, l’éléphant de toutes les couleurs. Ben oui quoi, après le parent hélicoptère, pourquoi pas le parent Elmer 😂 ?!

Le style parental démocratique

C’est le style parental démocratique qui tire particulièrement son épingle du jeu. Il est même considéré comme LE style parental le plus propice pour l’enfant. Pourquoi ? Car il est le plus juste et le plus raisonnable du point de vue des capacités de l’enfant. D’ailleurs les enfants qui ont bénéficié de ce style parental ont mieux développer leurs compétences sociales (estime de soi, confiance en soi, assertivité, sens de la communication…) et scolaires, que ceux qui n’en ont pas bénéficié.

Et c’est la sensibilité du parent qui semble faire toute la différence. Notamment l’affection, la chaleur et la tendresse 🥰, qui sont très présentes dans le style démocratique.

Mais, roulement de tambour,  les experts ont aussi constaté que des enfants ayant bénéficié de styles parentaux autres que le style démocratique, avaient eux aussi développé ces mêmes compétences. Heuuuuu ça contredit légèrement ce que je viens d’écrire, non ? Du coup, serait-on en droit de penser que je raconte n’importe quoi 😵 ? Ou bien qu’une éducation de style autoritaire, couplée à une grande sensibilité des parents, serait autant bénéfique qu’une éducation de style démocratique ? Bingo ! C’est ce que confirme la recherche multiculturelle.

L’affection et le soutien sont certes uniquement présents dans le style parental démocratique identifié par Diana Baumrind. Mais il semblerait que d’autres modèles existent. Je vous l’avais bien dit que ce n’était pas très représentatif tout ça 😅… Donc oui, des familles autoritaires, dotées d’une forte sensibilité, donnent le même résultat que le style démocratique. C’est ce qui a été constaté dans des familles américaines d’origine asiatique. Eux aussi seraient des parents Elmer 🤣.

Quoi qu’il en soit et quels que soient la culture ou le groupe socio-économique auquel il appartient, un enfant qui se sent aimé se sent bien et se développe. Bien sûr les méthodes disciplinaires, le cadre et les règles familiales comptent aussi, mais dans une moindre mesure, par rapport à la sensibilité des parents.

Les styles parentaux controversés

Les travaux de Diana Baumrind se sont concentrés autour de la classe moyenne blanche américaine et n’éprouvant pas de difficultés particulières quant à l’éducation de leurs enfants. Aussi il s’agit d’une recherche nord-américaine, s’appuyant donc sur une vision nord-américaine du développement de l’enfant. Et tout le monde ne partage pas cette vision. Quoi qu’il en soit, le manque de diversité des travaux de la chercheuse lui a été reproché.

Tout comme le fait de sous-entendre qu’il existerait une façon unique d’éduquer correctement les enfants, ce que semble suggérer les travaux de Baumrind. Or, ce n’est pas si simple car :

  • d’une société à une autre les attentes éducatives sont différentes,
  • l’obéissance et la sévérité, de plus en plus considérées comme une forme de domination par certains, sont aussi considérées comme une forme de sollicitude par d’autres,
  • ce qui fonctionne bien dans la classe moyenne blanche américaine, peut ne pas fonctionner ailleurs, voire être inapproprié,
  • les styles parentaux découlent des connaissances (ou absence de connaissances 😉) et croyances des parents sur le développement de l’enfant,
  • les pratiques éducatives des parents découlent de l’éducation qu’ils ont reçue, mais aussi de leur tempérament,
  • les contextes social, économique, culturel, géographique… influencent les  styles éducatifs des parents,
  • ainsi que les relations entre frères et sœurs,
  • les relations de couple,
  • l’état de santé physique et mental des parents, leurs conditions de travail,
  • les parents ne sont pas les seuls à avoir de l’influence sur leurs enfants,

D’où l’intérêt d’avoir une lecture multidisciplinaire et multiculturelle de l’éducation… Et de conserver notre esprit critique face aux nombreux conseils des uns et des autres, afin de trouver notre propre équilibre familial.

Éducation et relativité

Et oui, autres sociétés, autres mœurs et chacune à ses propres attentes quant à l’éducation de ses enfants. Un enfant doit-il devenir autonome, libre, solidaire, coopératif, compétitif, adaptable, obéissant, poli, réservé, débrouillard, créatif, libre, rebelle, assertif, respectueux, irrévérencieux… Chaque société et chaque époque répondent différemment à cette question.

C’est pourquoi un enfant considéré comme bien éduqué en France, ne le serait pas forcément ailleurs. Et au sein d’un même pays nous nous confrontons aussi à cette relativité. Nos propres parents considèrent-ils nos enfants comme bien éduqués ? Rien n’est moins sûre. Autre temps autre mœurs.

Pour autant, les travaux de Baumrind restent pertinents et sont, aujourd’hui encore, complétés par d’autres chercheurs.  Car si relativité il y a, tout ne peut pas être relativisé non plus. Nous savons que certaines attitudes parentales soutiennent plus ou moins, voire freinent, le développement de l’enfant.

À chaque style parental ses effets

Tous les styles parentaux identifiés par Baumrind, mis à part le style désengagé, permettent le développement de l’enfant, mais de façon plus ou moins optimale. En d’autres termes, un enfant élevé dans un style démocratique développera des comportements et compétences différents d’un enfant élevé dans un autre style parental.

Et en fonction des valeurs de la société dans laquelle nous vivons, certains styles parentaux seront plus valorisés que d’autres. C’est pourquoi c’est le style parental démocratique qui est apparu comme le plus pertinent aux États-Unis. Et oui, là-bas comme chez nous, c’est bien l’autonomie, la confiance en soi, le fait de s’affirmer et la curiosité qui sont attendus d’un enfant.

Ailleurs ce n’est pas forcément le cas. Par exemple en Chine il est très bien vu qu’un enfant soit réservé, voire timide et qu’il soit doté d’une grande maîtrise de lui-même. Au contraire, en France on a tendance a considérer la timidité comme un problème et un désavantage pour l’enfant.

L’infographie ci-dessous présente quelques effets des différents styles parentaux sur les comportements et compétences des enfants. Bien-sûr ce n’est pas parce qu’un enfant a été éduqué à partir d’un style parental qu’il présentera forcément les effets décrits ci-dessous. L’être humain est tellement complexe…

Tout comme pour les styles parentaux, il se pourrait que vous retrouviez un peu de votre enfant dans tous les styles. Car si vous êtes un parent Elmer, il se pourrait que Bout’chou le soit aussi 🤣.

Style parental et tempérament

Un autre élément a été reproché aux travaux de Baumrind : l’absence de prise en compte du tempérament de l’enfant, qui influence pourtant le style parental des parents. Et tout le monde en convient, les parents encore plus que les autres : il est plus facile d’éduquer un enfant au tempérament facile qu’au tempérament difficile.

Les parents, et bien qu’ils aiment leurs enfants, n’en restent pas moins des humains avec une patience et des capacités d’adaptation plus ou moins élevées. Ils ne vont donc pas réagir de la même façon face à un enfant qui fait ses nuits et un qui ne les fait pas. C’est un fait : les parents qui ont des enfants au tempérament difficile sont plus fatigués que les autres. Fatigue = moins de patience et plus d’irritabilité. Donc on peut dire que le tempérament des enfants influence le style éducatif des parents.

Mais une chose est sûre : plus le parent s’adapte au tempérament et aux capacités de son enfant et plus il améliore l’harmonie familiale. Par exemple si votre enfant aime être actif et que vous lui proposez des moyens de dépenser son énergie, il sera moins frustré. Et nous savons à quel point les enfants ont du mal a gérer leurs frustrations 😞…

Bref, les comportements de nos enfants dépendent en partie du style parental de leurs parents. Qui lui-même dépend, en partie, du tempérament de leurs enfants. L’un influence l’autre, qui influence l’autre, qui ré-influence l’autre… C’est la fameuse histoire de l’œuf et de la poule 🤪. Ah ! J’oubliais : plus nos enfants grandissent et moins nous avons d’influence sur eux… Mais ça c’est une autre histoire.

Résumé

Rejoignez-moi sur les réseaux

Ressources

  • Kathleen Stassen Berger, Psychologie du développement, Ouvertures Psychologiques, éditions de boeck, 2ème édition, 2012
  • Diane E. Papalia et Gabriela Martorell, Psychologie du développement de l’enfant, Mc Graw Hill Education, Chenelière éducation, 9ème édition, 2018
Catégories : Parentalité

Cécile Dhifallah

Formée au développement psychologique de l'enfant et diplômée en sciences de l’éducation. Je suis aussi la maman d'une ado, avec qui je mets en pratique la théorie de l'éducation positive, que j'adapte à ma sauce. J'espère que mon site vous aidera à trouver votre propre recette ;)

0 commentaire

Laisser un commentaire